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LA TABLE RONDE

La table ronde a porté sur l’avenir de la politique régionale de l’UE et les métiers liés à sa mise en œuvre. Dans l’objectif de rendre compte à la fois des problématiques actuelles de la deuxième politique communautaire et des acteurs des différents niveaux ont participé :

Sylvain Maréchal, Secrétaire administratif de l’Association des Villes Historiques de l’Eurorégion
Pierre-Jérôme Hénin, porte-parole de Michel Barnier, Commissaire à la politique régionale et à la réforme des institutions
Andrzej Pawlica,
directeur de la représentation de Malopolska (Pologne) à Bruxelles
Nicolás Cuesta, responsable de la politique de cohésion, représentation de l’Andalousie (Espagne) à Bruxelles
Frank Demaille, Préfecture région Ile-de-France, chargé de mission, responsable des fonds européens
Claude Marcori, DATAR, chargée du programme INTERREG, service des affaires européennes et internationales

Le débat a été animé par Sylvain Kahn, directeur des affaires européennes à Sciences Po Paris


L’avenir de la politique régionale communautaire

L'élargissement de l'UE à 25 et 27 membres constitue un défi majeur pour cette deuxième politique communautaire (cf. notre étude de cas). Les intervenants de la table ronde ont confirmé ce constat. Pourtant, le débat lancé par Michel Barnier en 2001 sur l’avenir de la politique régionale à partir de 2007 et qui s’achèvera en 2003 s’est calmé depuis quelques mois, comme l’a souligné P.-J. Hénin. En effet, pour la période 2004-2006, des fonds spéciaux ont été créés à destination des nouveaux pays membres. Leur somme s’élève à 22 milliards d’euros (dont la moitié pour la Pologne) n'aura aucune incidence pour les pays membres. Aussi la Commission maintiendra-t-elle son engagement de continuer à maintenir un fort flux financier vers les régions pauvres: Deux tiers des attributions vont à destination des régions les plus pauvres (objectif 1), aux fonds de cohésion et au phasing out et un tiers aux autres régions. Ainsi un large consensus existe parmi les pays actuellement membres qu’une forte politique de cohésion doit être maintenue pour offrir aux nouveaux pays des possibilités similaires que ceux dont ils ont pu profiter.
Néanmoins, de nombreuses questions restent ouvertes, comme le pourcentage du PIB communautaire consacré à la politique régionale : certains plaident pour les 0,45% existants, tandis que d’autres acteurs dans l’administration centrale en France font remarquer que cela continue à être un taux problématique et que les propositions de Barnier constitueraient un « menu à la carte ».
Le rôle des régions des nouveaux pays de l’UE est une thématique qui mérite l’attention : certaines des régions sont déjà présentes à Bruxelles depuis quelques années et témoignent des changements administratifs et structurels nécessaires à l’adhésion. La Pologne par exemple, entrant dans l’Union européenne en 2004, a complètement restructuré l’organisation de ces collectivités territoriales. S’élevant encore au nombre de 50 pendant l’époque communiste, les régions polonaises ont été réduites à 16 après 1989. Les compétences de ces régions correspondent à peu près à celles des régions françaises. Actuellement, il y a six régions polonaises présentes à Bruxelles, d’autres suivront l’année prochaine. Leurs bureaux, créés entre 1999 et 2003, ne disposent que d’un effectif très réduit (1 à 2 personnes).
La région Malopolska entretient des coopérations avec cinq autres régions de pays européen différents. Son premier partenaire est la région Rhônes-Alpes qui non seulement lui a mis à disposition un de ses bureau à Bruxelles mais qui lui donne également un soutien technique. Cette coopération entre une région des pays candidats et une région d’un Etat membre est un bon exemple et mérite d’être encouragée, d’autant plus qu’il s’agit d’une coopération bilatérale hors financement communautaire.

Au-delà de la problématique de l’élargissement, il ne faut pas non plus oublier les impacts des fonds structurels sur les régions de l’UE 15 : L’Association des Villes Historiques de l’Eurorégion a pu réaliser de nombreux projets grâce aux subventions européennes provenant de l’initiative communautaire INTERREG III A, allant de la création d’un site web et d’un numéro de téléphone interactif trilingue à la promotion du secteur touristique de ces régions. Etant donné que les projets de cette association transfrontalière fonctionnent le plus souvent à court terme et ont une durée déterminée, la question des effets qu’aura l’élargissement sur la politique régionale ne joue qu’un rôle insignifiant pour elle.
Il en va de même pour la région de l’Andalousie qui restera dans l’objectif 1 à partir de 2007. M. Cuesta a souligné que la finalité de l’objectif 1 est de toute manière d’en sortir et que ne pas en sortir implique que des avancées considérables seront encore à faire. Le but ultime de toute région éligible à l’objectif 1 est de n’être plus dépendante des fonds structurels un jour.
Un des objectifs dans l’avenir sera sans doute de renforcer les stratégies et les priorités régionales au niveau communautaire, notamment en matière d’innovation, de compétitivité territoriale, de villes (URBAN) et des régions de montagnes. Il faudrait en effet accroître la visibilité sur les zones en difficultés à l’intérieur des villes. La DATAR regrette que selon la Commission les infrastructures ne devraient pas être prises en compte. Une intervention en matière d’infrastructure ferait œuvre utile et permettrait une visibilité très forte face à la population.
Enfin, M. Hénin a insisté sur le fait que ce n’est PAS la Commission qui décide du cadre financier de la politique régionale mais les Etats membres. Le Conseil européen adoptera le nouveau cadre début 2006.


Travailler pour l’Europe

Du débat est clairement surgi que dans l’avenir, il sera de plus en plus difficile d’entrer dans les institutions par la voie des concours : actuellement, seulement des concours sont ouverts pour les candidats maîtrisant au moins une des langues des nouveaux pays adhérents. Ainsi, l’année prochaine, 3900 personnes seront recrutées. Vu que les concours se font non en fonction de la nationalité mais des langues, les perspectives pour les ressortissants de l’UE 15 qui ne maîtrisent pas une de ces langues se voient fortement diminuées.
A partir de ce constat, quelles sont donc les possibilités de travailler pour l’Europe ? Une possibilité consiste à se faire envoyer en tant qu’expert national détaché dans les institutions. Il a également été rappelé que la Commission n’est pas la seule institution qui offre des opportunités de carrière, mais qu’il y en existe également au Parlement européen (assistant parlementaire…) et à la Cour de Justice. Comme nous l’avons déjà pu montrer (cf. Conseil aux étudiants), les bureaux régionaux représentent une autre alternative et parfois même un tremplin.
Enfin, un secteur encore peu connu et plutôt inexploré en France mais largement répandu dans les pays anglo-saxons, est celui des entreprises de consulting. Elles existent aussi dans les pays candidats. Ces firmes ont un besoin accru de personnes compétentes au niveau communautaire. Leurs activités sont diverses et peuvent par exemple consister à renseigner les organismes ou associations régionaux sur la politique régionale pour les aider à mieux gérer l’attribution et la mise en œuvre des fonds.
Finalement, l’importance de l’aspect relationnel a été souligné : une fois entré dans la machine, il est plus facile de trouver l’emploi qu’on cherche réellement : de cette manière, un stage se révèle très utile (se renseigner sur le site de l'UE: www.europa.eu.int)


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