Etudes de cas
Chaine de transmission
Interviews
La table ronde


Qu'est ce qu'un projet collectif

 

 

LA POLITIQUE REGIONALE DANS LA PERSPECTIVE DE L'ELARGISSEMENT

La politique régionale occupe le deuxième poste budgétaire après la PAC qui en détient 44% : 32% sont alloués par les fonds structurels et 3% par le fonds de cohésion.
La politique régionale européenne est fondée sur la solidarité financière. Elle vise la convergence économique et sociale de l'Union européenne à travers un soutien aux régions défavorisées. Elle agit à l'aide de différents instruments qui poursuivent chacun des objectifs différents :

Quatre Fonds structurels :
· Le Fonds européen de développement régional (FEDER) finance des infrastructures, des investissements productifs pour créer de l'emploi, des projets de développement local et des aides aux PME.
· Le Fonds social européen (FES) favorise l'insertion professionnelle des chômeurs et des groupes désavantagés.
· L'Instrument financier d'orientation de la pêche (IFOP) vise à adapter et à moderniser les équipements de ce secteur.
· Le Fonds européen d'orientation et de garantie agricole (FEOGA) finance des actions de développement rural et d'aide aux agriculteurs dans les régions en retard de développement (section " Orientation ") et dans le cadre de la PAC dans les autres parties de l'Union (section " Garantie ").

Ces Fonds se concentrent sur trois objectifs prioritaires d'initiative nationale :
- objectif 1 (territorial) : rattrapage des régions en retard de développement ; les doter des équipements de base, favoriser les investissements dans les entreprises pour permettre le décollage des activités économiques (Fonds concernés : FEDER, FES, FEOGA-O, IFOP)
- objectif 2 (territorial) : soutenir la reconversion économique et sociale dans les zones en difficulté structurelle (Fonds concernés : FEDER, FES)
- - objectif 3 (thématique) : moderniser les systèmes de formation et promouvoir l'emploi (Fonds concernés : FSE)

Le Fonds de Cohésion finance directement des projets individuels permettant d'améliorer l'environnement et de développer les réseaux de transport. Il a été mis en place pour les pays dont le PIB est inférieur à 90% de la moyenne communautaire.

Les quatre initiatives communautaires sont financées par les différents fonds :
Interreg III : encourage les coopérations transfrontalières, transnationales et interrégionales (financement FEDER)
Leader + : vise à rassembler les opérateurs socio-économiques des territoires ruraux pour réfléchir à de nouvelles stratégies locales de développement durable
Urban II : soutient les stratégies innovantes de réhabilitation de villes et de quartiers en crise (financement FEDER)
Equal : cherche à éliminer les facteurs qui sont à l'origine des inégalités et des discriminations dans l'accès au marché du travail (financement FSE)

L'Instrument structurel de préadhésion
Afin d'aider les pays candidats à la préparation de l'adhésion, deux nouveaux Fonds ont été créés. Ils regroupent au sein d'un cadre unique (Partenariat pour l'adhésion) les différentes formes d'aides offertes par l'Union.
· Le programme PHARE vise (depuis 1989) à renforcer les institutions, les administrations et les organismes publics pour garantir l'application correcte du droit communautaire et à soutenir de nouveaux investissement dans les secteurs sociaux et économiques (infrastructure, entreprises, mesures sociales)
· L'instrument structurel de préadhésion (ISPA) intervient suivant le modèle du Fonds de Cohésion pour financer la construction de grands projets de protection de l'environnement et de transport.
Le programme spécial d'adhésion pour l'agriculture et le développement rural (SPAPARD) soutient la préparation des pays candidats à la politique agricole commune de l'Union.

 

LES FONDS STRUCTURELS

 

I. QUI FAIT QUOI - LES ACTEURS


1. La phase de décision et d'attribution des Fonds
L'attribution des Fonds structurels et les choix des projets à mettre en œuvre touchent l'ensemble des acteurs sur la chaîne de transmission qui s'étend de la Commission jusqu'aux autorités locales. Il convient de souligner que les aides de la Communauté européenne ne se substituent pas aux subventions étatiques de chaque Etat membre mais qu'elles s'y additionnent (principe d'additionnalité ou de cofinancement). Elles sont destinées à réaliser des projets qui n'auraient pas pu l'être sans cette aide communautaire par les seuls moyens nationaux. Le cadre de mise en œuvre des fonds structurels est défini par des règlements communautaires qui s'imposent aux Etats membres sans avoir besoin d'être transcrit en droit national.
Sur la base d'une proposition de la Commission, négociée avec le Parlement européen, le Conseil européen adopte le budget des Fonds structurels et des règles de base pour leur utilisation, c'est à dire des critères d'éligibilité. La Commission précise également le cadre de mise en œuvre des initiatives communautaires dans des " orientations " ou " lignes directrices " qui font l'objet de communications.
A partir de cette décision, chaque Etat choisit, en collaboration avec les opérateurs économiques et sociaux, des zones ou des groupes sociaux en difficulté. Les programmes doivent s'inscrire dans les principes de programmation prévues par la Commission. Ils sont présentés à la Commission sous forme d'un Document unique de Programmation (Docup) qui regroupe la définition des priorités et les programmes proposés. Après négociation avec l'Etat, il fait l'objet d'une décision unique pour être adopté.
Les autorités nationales élaborent ensuite des Compléments de programmation qui déclinent le Docup en actions, mesures et sous-mesures et définissent les bénéficiaires potentiels des fonds structurels et les types de projets qui peuvent être financés. Ils ne sont plus négociés avec la Commission, mais seulement envoyés à celle-ci pour information.

2. Le rôle des représentations régionales à Bruxelles et le contact des régions avec les différents acteurs
Avec l'apparition de la politique régionale dans les années 1970 et l'entrée en vigueur de l'Acte unique en 1987, l'Allemagne ouvrit les premières représentations des Länder à Bruxelles et d'autres pays suivirent vite cet exemple. En 1993, le traité de Maastricht introduit le principe de subsidiarité et les régions ont pris leur place dans l'espace européen avec la création du Comité des Régions. De plus en plus de bureaux régionaux se créent pour saisir les occasions que présente l'intégration européenne.
Ces représentations de régions à Bruxelles dépendent de leurs autorités régionales respectives (en France du Conseil régional, en Espagne de la région autonome et en Allemagne de la Chancellerie d'Etat du Land). A l'origine, leur principale mission est la diffusion d'information vers la région sur des projets de règlement ou de directives et des recommandations du Conseil en matière de politique régionale, d'environnement, de culture et d'entreprise. Elles sont à la recherche de subventions et sont attentives à l'attribution des fonds structurels. Elles aident également des acteurs locaux à trouver des programmes appropriés à leurs besoins de financement. Ces activités de transmission d'information ont une fonction d'alerte pour anticiper l'annonce des programmes de la Commission et pour pouvoir élaborer des projets en avance.
Leur influence à ce niveau se fait essentiellement à travers la présence et la proposition de thèmes ou de programmes. Ainsi, les délégués peuvent diriger l'attention des responsables au sein des institutions vers les intérêts de leur région et ses besoins. Selon eux, il est toujours important d'assister à certaines réunions, de montrer qu'ils sont là et même de proposer des sujets qui pourraient intéresser d'autres acteurs également. Cette visibilité peut aussi passer par l'organisation de séminaires et de conférences et la constitution de groupes de travail y contribue également.
Ainsi, les représentants interviennent d'abord dans la phase de préparation de décision, mais elles contribuent aussi à la phase opérationnelle lorsque des problèmes surgissent entre l'autorité de gestion dans la région et la Commission. Ils prennent alors le rôle d'intermédiaires, par exemple en organisant des réunions entre des acteurs économiques et la Commission.
Depuis un certain temps par contre, les bureaux essaient d'étendre cette mission d'information et d'assistance en cherchant de modifier leurs contacts avec les institutions et d'influer aussi sur le processus décisionnel. Ainsi, en transmettant des rapports écrits à la Commission lors des phases de consultation, en participant à des séminaires ou aux sessions d'information organisées par certaines DG, les rapports avec la Commission se formalisent peu à peu au profit des régions.
Ceci est d'autant plus virulent pour les régions d'Etats fédérés qu'elles profitent de leur statut relativement indépendant de leur gouvernement fédéral. Aussi, les représentants des Länder allemands ont un avantage d'information en raison de leur contact régulier avec la représentation permanente, avec l'observateur et des informations qu'ils obtiennent des réunions des Conseils. Aussi ont-ils la possibilité de se prononcer (en accord avec le gouvernement régional) sans devoir se concerter avec le gouvernement fédéral. Il en est de même pour les régions autonomes espagnoles qui sont en contact en premier lieu avec le gouvernement de la région et les différents ministères régionaux. Leur principale voie d'intervention est l'administration autonome.
Cette divergence dans les statuts et les possibilités d'intervention d'une région à l'autre est également une question de taille : les bureaux bien dotés (en personnel et en moyens financiers) ont évidemment plus de possibilité quant à l'étude de dossiers, de prise de contact direct dans les institutions européennes et par conséquent d'influencer certains processus de décision. Mais on peut constater une relation entre le degré d'autonomie des régions et l'importance de leur représentation : en général les régions d'Etats fédérés disposent de plus de moyens que celles des Etats centralisés. En général on peut dire que la présence à Bruxelles, même si elle n'a pas toujours un impact politique directement mesurable, se révèle utile (sinon les régions n'investiraient pas dans ces bureaux) surtout dans la mesure où elle constitue un certain pouvoir de pression sur les institutions.
Il n'est pas inintéressant de noter que non seulement les régions ont un intérêt à entretenir des bonnes relations avec la Commission, mais que la Commission tient à renforcer ses rapports avec les régions. Cette tendance s'inscrit dans la stratégie du partenariat renforcé qui donne de plus en plus de compétences aux régions par rapport à l'Etat. Il s'agit là d'une question de forte actualité dans la mesure où l'enjeu de la simplification des modes de gestion des fonds structurels devient crucial dans la perspective de l'élargissement. Une autre raison pour l'intérêt de la Commission à contacter régulièrement les régions est un véritable besoin de retour pour mieux pouvoir mesurer l'impact de ses programmes et de les ajuster. Cette implication progressive des régions dans l'élaboration des politiques s'est traduit également par le fait que la Commission s'est adressée directement à elles pour discuter de l'avenir des fonds structurels.
Malgré leur influence sur les différentes phases de préparation, du processus de décision et de mise en œuvre des politiques régionales, les représentants se refusent à l'idée d'être classés dans la catégorie des lobbyistes. Ils ne considèrent pas leur travail comme une mission de lobbying, mais se voient impliqués dans le processus politique dans la mesure où ils représentent une région. L'influence qu'ils prennent est, à leurs yeux, proprement politique et n'a rien à voir avec celle des grands groupes industriels.
La présence de régions à travers un bureau de représentation est certainement un complément au Comité des Régions qui a le défaut de mélanger villes et régions et de ne pas prendre en compte les différences de compétence entre les régions.
Il convient aussi de mentionner que certains des nouveaux pays adhérents à l'UE à partir de 2004 sont déjà présents à Bruxelles dans l'objectif de rechercher des informations, les transmettre à la région et de défendre les appels à proposition. Leur contact avec la Commission consiste également dans la transmission d'informations entre la DG Région et la région. Les régions polonaises ont par exemple essayé de convaincre la Commission d'être subventionnées de façon distincte, mais la Commission a adopté un programme pour l'ensemble du pays. Les représentations des nouveaux pays, coopèrent aussi avec d'autres DG comme la DG Elargissement pour le programme PHARE ou avec la DG Education, la DG Emploi ou la DG Environnement. Ces contacts s'avèrent nécessaires en raison des différentes politiques des projets. A partir de juin 2003, les régions des nouveaux pays auront un statut d'observateur au sein du Comité des Régions.
Les relations des bureaux autres que celles avec les institutions européennes sont diverses : Tout d'abord, ils sont constamment en contact avec les autorités régionales dans leur pays pour s'accorder sur les mesures à prendre (il a déjà été mentionné que les représentations font partie des administrations régionales et en dépendent : Conseil régional en France, Chancellerie d'Etat régional en Allemagne...). Comme les fonds structurels passent en France d'abord par l'Etat national avant d'être distribués sur les Conseils régionaux, ces acteurs nationaux jouent un rôle important et les bureaux régionaux contactent régulièrement la représentation permanente. Enfin, il revient également à l'Etat de négocier le nouveau cadre financier pour la période à partir de 2007.
Les contacts entre les régions se font en fonction de différents critères : la langue n'en est pas le plus fort, mais elle facilite les contacts (d'ailleurs, ceci est valable également pour les contacts avec les fonctionnaires de la Commission). La géographie joue un certain rôle : les régions frontalières entretiennent des contacts plus intenses entre elles en raison de la proximité et des intérêts similaires. Le Mecklenburg-Vorpommern, par exemple, coopère avec l'Autriche pour des raisons linguistiques et avec les régions limitrophes de la mère baltique comme des régions de la Suède, du Danemark ou la Finlande.
Aussi les régions partenaires poursuivent leur coopération à Bruxelles. Mais des nouvelles initiatives se sont créées, par exemple les " Quatre moteurs pour l'Europe " qui est une initiative des régions Rhône-Alpes, Bade-Wurtemberg, Catalogne et Lombardie qui se sont organisées en association depuis 1988 pour étendre la participation à la construction européenne. Elles pratiquent des échanges dans différentes matières telles que l'enseignement, formation et recherche, environnement, arts et culture ou économie dans le cadre de commissions qui se réunissent régulièrement.
L'appartenance au même objectif pour l'attribution des fonds structurels est également un critère récurrent pour la prise de contact avec d'autres régions pour constituer un pouvoir plus important, mieux en mesure d'influencer. Aussi, des contacts existent entre les représentations de régions et des acteurs non-gouvernementaux comme des fondations ou des associations d'employeurs. Ils se font souvent dans le cadre de réunions ou de colloques sur des thèmes différents et peuvent être des coopérations pour l'organisation aussi bien que des rencontres lors de manifestations.

3. La phase opérationnelle - mise en œuvre
Dans la phase de mise en œuvre, la Commission a renforcé le principe de subsidiarité et a délégué la gestion courante des fonds structurels aux Etats membres. Elle a un fort intérêt à entretenir des contacts avec les régions pour ajuster ses programmes. Une fois la décision prise, les programmes à financer par les fonds structurels sont donc mis en œuvre par les autorités de gestion de l'Etat membre ou de la région.
En France, la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale, la Datar assure l'animation et le suivi d'ensemble des programmes au niveau national. Elle est un service du Premier ministre cré par décret du 14 février 1963 et est mise à la disposition du ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de l'aménagement du territoire. Elle sert d'interface entre la Commission, les services de l'Etat, les collectivités locales et les autres organismes concernés par les fonds structurels. L'équipe européenne et coopération internationale est chargée de la coordination et du suivi de la mise en œuvre des fonds structurels et des programmes d'initiatives communautaires. En collaboration avec les différents ministères et autres organismes régionaux et locaux, la Datar prépare et suit les différents programmes comme Leader+, Urban II et Interreg III.
Par contre, elle n'intervient pas dans la gestion financière des fonds. Pour les objectifs 1 et 2, cette dernière est assurée par la Préfecture de chaque région qui détient la responsabilité d'autorité de gestion et de paiement. (En Pologne, à partir de 2004, ce sera l'Office des Voivodeship, l'équivalent des Préfectures et en Slovaquie, l'autorité de gestion des CCA sera le Ministère de la Construction et du Développement régional, l'autorité de paiement étant exercée par le Ministère des Finances.) Chaque Préfecture dispose au sein du Secrétariat général pour les affaires régionales (SGAR) d'une " cellule Europe " qui anime et coordonne les actions des différents services lors de la mise en œuvre des fonds structurels.
Pour chaque programme il existe un comité de suivi qui documente régulièrement l'avancement du programme, et un comité de programmation qui sélectionne les opérations cofinancées par les fonds structurels. Ces comités au sein du SGAR sont co-présidés par le préfet de région et le président du conseil régional. Cette co-présidence répond à la volonté du gouvernement français à renforcer le partenariat.
Le comité régional de suivi, dont les missions sont définies par l'article 35 du règlement (CE) n° 1260/99 du Conseil du 21 juin 1999, joue un rôle essentiel dans la mise en œuvre du programme. Le préfet de région doit veiller, en liaison avec le président du conseil régional qui en assure la co-présidence, à la réalité et à la qualité des débats de ce comité. Il est en particulier indispensable que l'ordre du jour et l'organisation des réunions soient adaptés à une mobilisation et une participation réelle des élus et des responsables socioprofessionnels. Les Docup doivent être porteurs d'une vision stratégique et peuvent, le cas échéant, être modifiés, notamment à mi-parcours.
Les autorités nationales sélectionnent donc les projets qui correspondent le mieux aux finalités du programme pour que les organismes sélectionnés puissent mettre en œuvre leur projet. Il doit être terminé dans les délais fixés par la Commission dès le début. Les autorités responsables suivent l'avancement des programmes et prouvent à la Commission par des certificats de dépense que l'argent est utilisé dans les meilleures conditions.
Au niveau local, ce sont enfin les porteurs de projets pour profiter des fonds structurels gérés par les autorités nationales et régionales. Ce peuvent être les collectivités locales, des associations ou des entreprises réalisant des projets qui sont éligibles dans le cadre défini avec les Docup et les Compléments de programmation. Ils peuvent alors demander des subventions auprès du service instructeur compétent pour le financement de leur projet. Après avoir trouvé ce service, les porteurs de projets peuvent retirer un dossier de demande de subvention qui doit comprendre un certain nombre de documents.

4. L'évaluation des programmes
Pour bien mesurer l'impact et l'efficacité des programmes, des procédures d'évaluation ont été mises en place par la Commission. Une évaluation ex ante accompagne l'élaboration du Docup, une évaluation in itinere est effectué par le comité de suivi tout au long de la mise en œuvre du programme, une évaluation à mi-parcours permet éventuellement de réajuster les programmes pour garantir que les objectifs fixés soient atteint à la fin. Une évaluation finale permet de tirer des conclusions pour l'évolution future de la politique de cohésion et, finalement, une évaluation ex post rend compte de l'utilisation des ressources financières, de l'efficacité des actions soutenues et de leur impact, elle est placée sous la responsabilité de la Commission.

5. Les difficultés rencontrées aux différentes échelles du processus d'attribution et lors de la mise en œuvre des fonds structurels
La principale source des difficultés rencontrées à chaque niveau de la chaîne de transmission est la lourdeur administrative pour la mise en place des projets résultants des fonds et la complexité de procédures.
Le premier obstacle (prenant l'exemple de la France) est de trouver le service compétent pour la demande de projet puisque tous les services ne sont pas compétent pour toute sorte de projet : pour un projet de développement rural au niveau régional ce sont la DRAC, la DIREN ou la DRT, pour un projet de développement et l'emploi, la formation et l'insertion la DRTEFP/DDTEFP etc.
Il s'y ajoute que les Docup sont d'une complexité non négligeable et excluent certains projets : ceux qui ne sont pas énumérés ne sont pas éligibles bien qu'ils puissent contribuer à la réalisation de la mesure. Ceci a poussé les régions à s'organiser en réseau : l'Île-de-France forme par exemple une coalition entre villes et régions capitales et il existe des groupes de coordination en Espagne tant dans les représentations à Bruxelles que dans les Etats membres. Les régions sont ainsi amenées à coopérer dans certains domaines pour profiter des connaissances et des spécialisations de chaque région.
Mais la complexité et la lourdeur des procédures peut aussi avoir pour effet une sous-consommation des fonds qui risque de déboucher sur une réduction des aides, notamment dans la perspective de l'élargissement de l'Union vers des pays à gros besoin de financement. En Lorraine, par exemple, les fonds ont été dépensés seulement à 10% en raison de publicité insuffisante, par conséquent, leur impact est réduit et la région risque de les perdre. Le même problème se pose en Île-de-France et dans d'autres régions. Il se pose la question de la valeur ajoutée communautaire et de l'efficacité des interventions structurelles. Ainsi, le gouvernement français a adopté des mesures de simplification et d'amélioration de la gestion des fonds structurels depuis le 31 juillet 2002, notamment en modifiant le Docup, le dossier de demande d'aide communautaire et aussi les modalités de contrôle financier en supprimant l'examen préalable des subventions communautaires inférieures ou égales à 23.000 Euros. Il a renforcé la mise en place de dispositifs d'animation des programmes afin d'en améliorer l'efficacité. Une table ronde organisé á Dijon à ce sujet souligne qu'il sera indispensable de soutenir la mobilisation de partenaires et de remettre au cœur de la mise en place du programme. La Datar se prononce aussi en faveur de la simplification des procédures de gestion des programmes et mentionne le cas de l'Alsace où depuis janvier 2003 le transfert de la gestion au Conseil Régional est expérimenté. De même, la Datar est impliquée dans le processus de simplification des procédures d'évaluation et de gestion en coopération avec d'autres acteurs, dont la Commission européenne.
Il s'y ajoute pour les nouveaux pays membres le fait qu'ils ne sont pas encore familiarisés avec le fonctionnement des institutions de sorte qu'ils rencontrent surtout des difficultés au niveau de la coordination et de l'exécution des projets, malgré les aides qui leur ont été attribuées dans le cadre des programmes de préadhésion. On constate une insuffisance de la coordination interministérielle, une faiblesse des procédures administratives et budgétaires requises pour la mobilisation des cofinancement et à la gestion des programmes et des inégalités dans la capacité réelle des services de contrôle. Ceci est certainement dû au peu d'expérience qu'ont ces pays avec les procédures communautaires pour l'utilisation des fonds (ce qui peut se mesurer par la lenteur avec laquelle les crédits de PHARE sont utilisés).
Il convient cependant de souligner qu'il existe des activités de conseil et d'instruction entre anciens et nouveaux pays membres : Ainsi le Conseil régional d'Ile-de-France a travaillé avec la région de Varsovie sur l'attribution et la gestion des fonds structurels afin d'aider les fonctionnaires concernés à mieux comprendre et gérer la technique des procédures.
La Commission, dans son deuxième rapport d'étape sur la cohésion économique et sociale, a pris en compte ces difficultés et note que le système de gestion avec des règles détaillées et fondées sur un modèle unique n'est pas adapté aux différences de besoins, de catégories d'intervention et de ressources disponibles.
Aussi l'approche multifonds a été mise en question en raison du manque de transparence et de situations paradoxales comme la subvention d'une région avec un PIB par tête de 80% de la moyenne parce qu'il s'agit d'une île. L'approche " un programme - un fonds " a été évoquée lors des débats sur l'avenir des fonds.

 

II. LA PERSPECTIVE DE L'ELARGISSEMENT


Avec l'élargissement de l'UE, la politique régionale communautaire rencontre plusieurs défis majeurs : l'accentuation des disparités de développement, le déplacement du centre de gravité de la politique de cohésion vers l'Est et le fait que les disparités déjà existantes dans l'Europe des Quinze persistent et ne doivent pas être masquées par l'arrivée de nouveaux membres.
Le cadre financier des fonds structurels après 2006, dans une Union à 25, sera négocié à partir de 2004-2005. Le Conseil a contacté les régions pour les faire participer à ce processus de négociation qui les affectera de manière sensible. Il en est sorti le deuxième rapport d'étape sur la cohésion économique et sociale. Dans le souci de trouver des solutions qui ne favorisent pas les uns au détriment des autres, un séminaire a été organisé à Bruxelles le 3 et 4 mars 2003 sur La Gestion future des Fonds Structurels - quel partage des responsabilités ?
Du débat est sorti le constat que la politique de cohésion doit surtout affronter l'accroissement des disparités économiques au sein de l'Union, un changement géographique dans la répartition des disparités et une situation de l'emploi moins favorable alors que ses instruments rencontrent déjà de nombreuses difficultés dans l'Union à 15. Sur ce fonds, le débat sur l'avenir et la répartition des fonds dans une Europe élargie est étroitement lié à la question de la réorganisation de l'attribution et de la gestion des fonds.
Avec l'arrivée de 10 nouveaux pays membres avec des PIB par tête considérablement inférieures à ceux de l'UE 15, un défi majeur consiste dans l'affrontement de l'effet dit " statistique " : Le critère essentiel d'éligibilité à l'objectif 1 étant un PIB par tête inférieur à 75% de la moyenne européenne, cette moyenne dans une Union à 27 baissera de 18,5% de sorte que plusieurs régions éligibles pour la période 2000-2006 ne le seront plus à partir de 2007 bien que l'objectif de convergence ne soit pas encore atteint. Selon les statistiques de l'année 2000, 18 régions avec 21 millions d'habitants se trouveront dans cette situation. Cependant, il reste encore incertain à l'heure actuelle quelles régions resteront dans leur objectif et lesquelles subiront l'effet statistique puisque l'année de référence n'a pas encore été déterminée.
Un autre problème se pose par rapport aux régions qui auront achevé le processus de convergence en 2006 et indépendamment de l'élargissement, qui atteindront donc un PIB par tête supérieur à 75% de la moyenne UE 15. Elles devraient normalement bénéficier d'un soutien transitoire dit " phasing out " (comme il l'existe déjà pour les régions qui étaient éligibles pendant la période 1994-19999, mais qui ne le sont plus depuis 2000).
Reste enfin la catégorie des régions ultra-périphériques ou des régions à très faible densité de population, reconnues comme étant en difficulté socio-économiques dans l'article 299 du traité.
Avec l'élargissement, l'Europe sera partagée non plus en deux, mais en trois groupes de pays : les pays avec un PIB par tête inférieur à 40% de la moyenne (les trois pays baltes, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie la Bulgarie et la Slovaquie), les pays avec un PIB par tête de 80% de la moyenne (l'Espagne, la Grèce, le Portugal, Chypre et Malte) et enfin douze des pays membre actuels qui disposeront d'un PIB par tête de 120% de la moyenne européenne. En même temps, si le niveau de vie européen dans son ensemble tend vers la convergence, les disparités se sont accrues à l'intérieur des pays mêmes. Continuer d'orienter les fonds vers les pays en retard de développement ne doit pas écarter ces disparités existantes dans l'Europe des 15. Admettant la solidarité entre les pays de l'Union à 27, une des plus grandes difficultés consiste pourtant à assurer à la fois le développement des régions les plus pauvres et une continuité minimale dans l'attribution des moyens aux autres régions, bénéficiant des fonds structurels aujourd'hui.

Les propositions
La proposition de renationaliser les aides prioritaires n'a pas pu gagner une majorité, certaines grandes priorités européennes devant être assurées au niveau communautaire. La plupart des Etats membres a refusé cette possibilité.
Concernant l'objectif 1, quatre propositions ont été faite par la Commission :
· l'application du critère de 75% sans prendre en compte l'effet statistique
· l'application du critère de 75% de la nouvelle moyenne européenne mais en adoptant un régime transitoire (phasing-out) pour les régions éligibles à l'objectif 1 mais qui ne le seront plus à partir de 2006 (effet statistique) ; une proposition récente de Michel Barnier consiste à faire passer les régions concernés de l'objectif 1 dans l'objectif 2.
· la fixation d'un seuil d'éligibilité supérieur à 75% afin de réduire l'effet statistique
· la fixation de deux seuils d'éligibilité : un pour les régions de l'UE 15 et un pour les nouveaux pays adhérents

Un débat au sein des institutions et des séminaires organisés par la Commission ont également débouché sur différentes approches de restructuration des politiques : Un résultat en est que les régions les moins développées devraient rester la priorité des politiques de cohésion. Ensuite a été suggéré que les Etats riches prennent en charge le développement de leurs régions défavorisées et que le critère d'éligibilité soit défini au niveau national.
Mais s'il est généralement reconnu que le niveau approprié pour la conception et la gestion des interventions est le niveau régional au nom de la solidarité, transférer la définition des zones éligibles à un niveau infra-régional limiterait le champs de l'intervention communautaire artificiellement et ne serait pas compatible avec une approche basée sur la compétitivité. Selon le 2e rapport d'étape, le défi consistera à " reformuler les domaines prioritaires et le moyens d'action en dehors des régions en retard, à la fois pour pallier les insuffisances actuelles et pour élaborer une nouvelle politique, capable d'apporter une plus grande contribution à la cohésion économique et sociale ". Dans le nouveau contexte, la question du partage des compétences et des responsabilités entre la Commission, les Etats membres et les régions se pose avec d'autant plus de vigueur.
La possibilité de flexibiliser le critère du PIB et de prendre en compte des critères tels que le chômage, le taux de population etc. a également été évoqué. Ainsi, les initiatives pourraient être renforcées au lieu de traiter à travers des zones générales ce qui permettrait de mieux cibler leurs problèmes spécifiques.
Pour les régions sortant de l'éligibilité à l'objectif 2 et qui auront déjà atteint un certain niveau de conversion (car l'impact des fonds structurels est malgré tout positif), il a été mentionné que pourront être pris en compte d'autres sources de financement, comme la recherche, après la sortie de l'objectif.
Le défi est donc double : d'un coté l'adaptation des instruments existants à l'Union 27, et d'autre part la nécessité pour les nouveaux pays de se doter des moyens administratifs dans un délai plus court que prévu initialement. Cependant, le débat reste ouvert et le troisième rapport d'étape sur la cohésion économique et sociale qui sera adopté au 2e trimestre 2003 devra présenter des propositions concrètes pour l'avenir de la politique de cohésion.

 

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